Les Ilots de chaleur urbains (ou ICU) : enjeu de la transition écologique

Les Ilots de Chaleur Urbains – ou ICU – sont un phénomène qualifié depuis le XXe siècle. Il s ‘agit de zones urbaines qui présentent un microclimat plus élevé dû aux activités humaines et à l’urbanisation, avec une amplitude thermique jour/nuit peu élevé.

D’abord considéré comme anecdotique, le sujet a pris de l’ampleur et est devenu très sérieux, notamment depuis quelques années avec les épisodes de canicule récurrents, où l’on constate de vrais écarts de température entre les zones très urbanisés et les zones rurales. Paris a d’ailleurs il y a peu été déclaré comme ville la plus mortelle d’Europe en cas de canicule, à cause de son urbanisation complètement inadaptée à la chaleur.  Selon l'Institut Paris Région, « on peut observer des écarts importants de température entre Paris et les zones rurales (jusqu'à 10 °C lors de la canicule exceptionnelle de 2003) ».

Il est donc important de pourvoir quantifier ces ICU et savoir comment caractériser un territoire et intervenir dessus pour s’adapter au réchauffement climatique : c’est le principe du Score ICU.

A partir d’un diagnostic à construire, basé sur une cartographie des îlots de chaleur urbains et une campagne de mesure sur site, il est possible de définir une stratégie d’adaptation et de lutte à ces îlots de chaleur urbains. Les données issues de ce diagnostic sont ensuite croisées avec les données sociodémographiques du territoire pour permettre d’identifier les secteurs à enjeux et les éventuels lieux d’implantation de solutions.

• Le Score ICU

Le Score ICU permet de caractériser un site, une place, une rue, une parcelle, un îlot, sur sa capacité à favoriser les îlots de chaleur urbains, ou au contraire à favoriser les îlots de fraicheur. Il permet de définir un avant / après d’un projet, d’évaluer les bénéfices de variantes, et de mettre facilement le sujet sur la table, sans nécessairement avoir recours à des modélisations numériques plus complexes, qui arriveront peu ou prou aux mêmes conclusions.

• Interview d’Olivier Papin, directeur chez Nepsen Transition et spécialiste des ICU

« La méthode est assez simple et consensuelle pour étudier les ilots de chaleur urbains : on caractérise le territoire, on réalise des campagnes de mesures, on étudie des sites pilotes pour favoriser des aménagements favorables aux ilots de fraicheur. L’étude des sites et publics vulnérables permet de préciser les priorités d’actions. 
On peut faire une étude assez simple qui donnera les grandes caractéristiques du sujet sur un territoire donné, et pousser évidemment plus les mesures ou l’analyse pour aller au plus précis et au plus proche de la mise en œuvre.

Nous avons choisi pour notre part de travailler avec un grand nombre d’outils : images satellites infrarouges, mesure par drones infrarouges, albédomètre, thermomètres à boule noire, une centaine d’enregistreurs de température, anémomètres, outils de modélisation numérique, etc  Un grand nombre d’appareils qui permettent de caractériser le et de préciser avec des mesures locales les aspects théoriques des ICU et la cartographie plus macro du territoire Nous avons éprouvé cette approche avec des Métropoles comme Bordeaux Métropole, le Grand Lyon ou le Grand Toulouse mais également des territoires plus restreints tels que Niort, Bayonne, La Rochelle, Nanterre ou Monaco Le Score ICU permet ensuite à l’échelle d’un projet de visualiser la thématique et ses enjeux de manière concrète.

Pour une étude la plus pertinente possible, nous avons choisi également de compléter cet outil avec une approche complémentaire : la perméabilité. Car l’eau est un élément stratégique de l’adaptation des territoires aux changements climatiques. Ce score perméabilité vient en complément du Score ICU.

Un outil supplémentaire nous permet de valoriser les services écosystémiques offerts par les arbres en milieu urbain qui jouent un vrai rôle de régulation et sont essentiels dans la protection de la biodiversité : l’outil arbre en ville.

Nous combinons tous ces outils pour une approche globale qui permet de pleinement caractériser le territoire et intervenir avec les collectivités de manière efficace. Nous sommes aujourd’hui en capacité de caractériser une dizaine de couches de matériaux différents à partir d’images satellites, et ce à l’échelle d’un territoire entier.

Nous couplons tout cela avec une étude sociodémographique pour savoir comment les citoyens vivent la situation au quotidien et leur usage des lieux. 

Les collectivités locales sont de plus en plus sensibles à ce sujet afin de prévenir des effets de la transition climatique ; ce qui est intéressant quand on sait l’augmentation des températures en Europe de l’Ouest est 3 à 4 fois plus rapide qu’ailleurs. Ce type de démarche alimente par ailleurs parfaitement le volet et la stratégie « Adaptation » de leur PCAET (Plan Climat Air Energie Territoire»

Les ICU ont donc une place centrale dans les problématiques urbaines actuelles d’adaptation aux changements climatiques afin d’anticiper l’amplification du phénomène dans le futur.

L’ICU en vidéo par le Cerema :