Rénovation énergétique des logements : Quel rôle pour le DPE ?
En réaction à la publication d’une étude (Hello Watt, 4/01/2023) sur la corrélation entre le Diagnostic de Performance Energétique (DPE) et la consommation énergétique réelle d’un logement, Julien Garnier nous alerte sur les incompréhensions en vigueur dans le secteur de la rénovation énergétique, autour de ce dispositif réglementaire.
« Les méthodes d’évaluation réglementaires n’ont pas vocation à prédire le niveau des consommations »
En début d’année, l’étude menée par Hello Watt a fait grand bruit, en critiquant les écarts inquiétants entre les résultats du DPE et la consommation mesurée par les compteurs communicants dans les logements. Aucune inquiétude, cette étude reflète finalement bien les difficultés de compréhension des ambitions portées par la méthode DPE.
Le DPE est une méthode d’évaluation réglementaire, et non une méthode de détermination des consommations effectives des logements. A cet égard, l’application de la méthode TH-C-Ex ou de la RE2020, dans cette étude, n’auraient pas permis d’atteindre de meilleurs résultats. Il est ainsi aisé de montrer qu’une méthode de comparaison réglementaire n’est pas en mesure de prédire des consommations, car ce n’est effectivement pas son but.
La méthodologie, elle, est absente de l’étude Hello Watt.
Hello Watt s’appuie sur la comparaison entre une conversion Ep/Ef de la consommation globale et la consommation 5 usages en Ep (basée sur un moteur de calcul à paramètres fixes). Il n’est pas tenu compte des autres consommations mobilières, d’un ajustement à la rigueur climatique, ou d’une mise en corrélation des paramètres et des taux d’usages (nombre d’occupants, consignes de chauffage, nombre de litres d’eau puisés en ECS).
Bien qu’insuffisant, il aurait été préférable de disposer des systèmes de mesure par usage sur les mêmes usages que le DPE ou de recourir à des données d’usage (des volumes d’ECS, volumes d’ECS puisés).
« Le DPE n’est pas un bon modèle prédictif de consommation… et heureusement ! »
Les modèles prédictifs existent, mais ils font l’objet de méthodologies poussées, normatives et d’outils logiciels plus complexes que le moteur DPE.
Mais le DPE devrait-il être prédictif ? Chacun sait que les usages changent, et qu’un remplacement de réfrigérateur peut largement modifier une consommation mesurée au point de livraison.
Ne faudrait-il pas mieux classer d’abord les bâtiments les plus énergivores, afin de prioriser leur traitement ? C’est la vocation du DPE, et celle-ci est vertueuse !
Pour autant, Cinov Ingénierie continue d’alerter les pouvoirs publics sur la nécessité d’améliorer la méthode DPE et d’encourager la filière « diagnostiqueurs » à fiabiliser leurs travaux de relevés et saisies, et à monter en compétence.
« Il faut s’appuyer sur l’expertise de l’ingénierie thermique pour faire les bons investissements »
Si la méthode DPE fait déjà l’objet d’incompréhension par les acteurs sensés accompagner les particuliers sur leurs consommations d’énergie, alors que dire des particuliers face à ce type de dispositif ?
L’évaluation énergétique réalisée par un thermicien qualifié, sur la base d’un audit approfondi – bien qu’également prévu pour proposer une calcul énergétique règlementaire du bien, et non une prédiction de consommation –, permet d’instaurer un dialogue pendant l’audit des lieux et à la livraison du rapport sur les niveaux de consommation.
Au-delà des résultats, l’accompagnement pédagogique de ce professionnel permet d’expliquer aux bénéficiaires ces spécificités des méthodes d’évaluation, et de les éclairer dans leurs choix de rénovation et d’investissement.
C’est pourquoi, Cinov Ingénierie défend la combinaison des compétences techniques et des qualités pédagogiques pour réussir les chantiers ambitieux de la rénovation énergétique.
Nous comptons aujourd’hui près de 700 bureaux d’études, portant une qualification OPQIBI et la mention RGE, partout sur le territoire, prêts à relever le défi.