LES INGÉS OSENT ! Édition 2023
« Les métiers de l’ingénierie sont impactés par des mutations profondes, rapides et globales : Développement des compétences, intelligence artificielle, gestion des ressources humaines, climat, biodiversité… Dans un tel contexte d’incertitudes, s’adapter ne suffira pas. Il nous faut maintenant innover, c’est-à-dire trouver des nouvelles manières de faire et de manager » – Damien Racle, Président de Cinov Ingénierie
Pour cette 2e édition, Cinov Ingénierie a reçu Gilles Babinet, co-Président du Conseil National du Numérique. L’objectif : s’inspirer du dynamisme du secteur du numérique, qui, en plus d’être source d’innovations continues, a révolutionné tous les secteurs d’activité et redéfini nos modes de vie.
Face à l’urgence de la transition écologique, l’ingénierie doit éco-innover et s’appuyer sur les dispositifs de financement et de recherche, mis par exemple à disposition par l’Ademe. Le philosophe et essayiste Gaspard Koenig a clôturé cette matinée riche avec une conférence sur le thème "Nature et Liberté".
> Retour sur cette 2e édition en cliquant ici >
Le programme de cette journée du mercredi 16 octobre 2023
- Accueil à partir de 8h30
- 9h00 : Ouverture de la 2ème édition
Par Damien RACLE – Président du syndicat Cinov Ingénierie
- 9h15 :« Innovation : de quoi parle-t-on ? »
Entretien avec Gilles Babinet, entrepreneur et co-Président du Conseil National du Numérique
Passionné de nouvelles technologies et de politique, Gilles Babinet est entrepreneur depuis l’âge de 22 ans et est le fondateur de nombreuses sociétés. Il a été nommé Digital Champion de la France auprès de la Commission européenne pour promouvoir les avantages d’une société numérique. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont L'Ère Numérique, un nouvel âge de l’humanité et Comment les hippies, Dieu et la science ont inventé Internet paru en 2023.
- 10h15 : Pause-café
- 10h45 : « L’Ademe : Partenaire de l’ingénierie pour éco-innover »
Échange avec Jonathan Louis, Coordinateur Innovation à l'Ademe
- 11h45 : « Nature et Liberté »
Conférence du philosophe et essayiste Gaspard Koenig
Gaspard Koenig est philosophe et écrivain. Il est l'auteur d'une quinzaine d'essais et romans, dont La fin de l'individu (Voyage d'un philosophe au pays de l'intelligence artificielle) paru aux Editions de l'Observatoire en 2019 ou Humus (aux mêmes éditions) et publié en septembre dernier. Il tient une chronique hebdomadaire dans le journal Les Echos. En 2013, Gaspard Kœnig a fondé Génération Libre, un think tank libéral aujourd'hui présidé par la philosophe Monique Canto-Sperber. En 2021, il a fondé le mouvement politique « Simple », axé sur la simplification.
- 12h45 : Cocktail déjeunatoire
- 14h-16h : Ateliers simultanés : « Comment innover ? Les innovations sociétales et techniques »
Atelier 1 - Quelles compétences pour l’ingénierie de demain ?
• Julien Mercier, Vice-Président Innovation de la Fédération Cinov
• Sébastien Levy Prudent, Co-fondateur OLECIO
• Frédéric Larrive, Directeur IPTIC
• Mathieu Carrier, Directeur des Politiques de Branches, OPCO Atlas
Atelier 2 - Comment l’ingénierie innove pour construire l’autonomie énergétique ? Entre high tech et low tech.
• Benoît Géhin, Directeur faséo et administrateur de Cinov Ingénierie
• Frédéric Bœuf, Vice-Président à la transition environnementale de la Fédération Cinov
Atelier 3 - Gestion des ressources humaines : Est-on en train de vivre un changement de paradigme ?
• Damien Racle, Président de Cinov Ingénierie
• Jean-François Simon, Directeur général AIA Management et administrateur de Cinov Ingénierie
• Christian Gourmelon, Leadership Paradoxal
• Thomas Deshayes, Etudiant ingénieur (BNEI)
Atelier 4 - Retours d’expérience : De l’atténuation à l’adaptation au changement climatique
• Claire-Audrey Gonthier, Directrice générale SEMOFI (Groupe « Structure et géotechnique »)
• Alexandre Sévenet, Président NEPSEN (Groupe « Bâtiment Durable »)
• David Guinet, Directeur général TECTA (Groupe « Infrastructures »)
• Guerric Godec, Directeur CICAD (Groupe « Coordination »)
- 16h30 : Restitution des échanges de la journée
- 16h45 : Clôture de l’événement, suivi d’un cocktail
Synthèse des tables rondes 2023
L’ingénierie est un secteur en pleine mutation, qui doit s’adapter aux nouveaux enjeux. Pour répondre à ces défis, les formations doivent évoluer afin de garantir la compétitivité des entreprises et l’attractivité des métiers de l’ingénierie.
Cet atelier a été animé par Julien Mercier, Vice-Président Innovation à la Fédération Cinov et a accueilli Sébastien Levy Prudent (co-fondateur OLECIO), Frédéric Larrive (Directeur de l’institut de formation rattaché à la Fédération Cinov, IPTIC) et Mathieu Carrier (Directeur des Politiques de Branches de l’OPCO de notre branche « ATLAS »).
Des compétences en évolution pour l’ingénierie
Les nouvelles exigences en matière de protection de l’environnement, de numérisation et de réglementation obligent les bureaux d’études à s’adapter. Cette transformation est déjà en cours ; la commande publique étant de plus en plus attentive à ces enjeux, comme le souligne une étude de l’OPIIEC sur les orientations de la commande publique qui impacteront dans les années à venir l’emploi et les métiers de l’ingénierie. La croissance des clauses environnementales requiert une forte maitrise juridique et technique, tant en maîtrise d’œuvre qu’en assistance à maîtrise d’ouvrage.
D’après l’étude, cinq domaines de compétences seront décisifs pour les bureaux d’études :
- Les compétences environnementales (analyse en cycle de vie, nouvelles énergies, décarbonation, sobriété, biodiversité…)
- La restructuration / rénovation des bâtiments (les marchés de rénovation et de restructuration prennent de plus en plus le pas sur les projets de construction…)
- L’ingénierie financière
- Les compétences commerciales
- Les compétences juridiques
Quelles actions pour notre branche ?
Les compétences en ingénierie financière, juridique et en matière d’enjeux environnementaux sont essentielles, mais ne sont pas suffisamment développées par les formations existantes (initiales et continues).
L’OPCO Atlas, qui finance déjà plus de la moitié du projet formation des entreprises de la branche, propose de développer une offre d’actions collectives « CampusAtlas » spécifique sur l’ingénierie financière de projet de construction, en l’enrichissant de modules techniques sur l’enjeu environnemental.
Les professionnels doivent également se tenir informés des dernières tendances en matière de restructuration et de réhabilitation d’ouvrages du quotidien (crèches, collèges, hôpitaux, bibliothèques…). Ils peuvent pour cela s’appuyer sur des publications qui présentent des retours d’expérience sur des projets concrets. Cependant, ce nouveau modèle d’apprentissage (veille, apprentissage en autodidacte) soulève des questions sur son financement, notamment au regard de la loi.
Cinov Ingénierie organise un webinaire de restitution de l’étude OPIIEC pour sensibiliser les bureaux d’études aux perspectives d’évolution de la commande publique et présenter les actions collectives répondant aux besoins des compétences.
L’ingénierie joue un rôle crucial dans la transition énergétique, en permettant d’optimiser l’autonomie énergétique du bâtiment. Cet atelier a été animé par Benoît Géhin, Dirigeant du bureau d’études « faséo » et Frédéric Bœuf, Vice-Président à la transition environnementale de la Fédération Cinov.
Cet atelier a exploré deux approches complémentaires :
- Les solutions high tech, qui reposent sur des technologies avancées (smart building, domotique, smartgrid…).
- Les solutions low tech, qui reposent sur des technologies simples et accessibles.
La technologie au secours des bâtiments
Avec l’essor du BIM et du BMS, les outils intelligents de gestion du bâtiment n’ont cessé d’évoluer : qualité de l’air intérieur, optimisation de la diffusion de chaleur, consommation énergétique, émissions carbones, sécurité… Les problématiques soulevées sont telles qu’il est possible de visualiser l’impact des travaux avant même leur réalisation, assurant un rendu optimal et en accord avec les objectifs bas carbone et basse consommation du site.
Par ailleurs, on estime que la domotique permettrait de faire des économies énergétiques de 25 à 30% concernant le chauffage, et de 10% la consommation pour l’éclairage.
Cependant, rendre les systèmes de monitoring toujours plus performants, c’est aussi augmenter le trafic de données et par conséquent les émissions de CO2. Data centers, plateforme de streaming, boites mails… Autant de services aussi énergivores qu’émetteur !
La technologie mais à quel prix ?
Souvent comprise comme un procédé de privation, la sobriété fait appel à ce qui est nécessaire, les besoins primaires et utiles incarnés par la Low Tech en opposition à la High tech qui, - bien que caractérise les avancées technologiques les plus marquantes-, incarne un esprit de technologie pour la technologie.
Il est normal de s’interroger sur notre usage, dans un monde où les solutions numériques semblent se démocratiser, et où l’enjeu de la sobriété énergétique revient souvent. Être sobre, c’est être conscient de son empreinte carbone et chercher à la diminuer. A noter que les « sacrifices » entendus peuvent finalement être des outils de confort. Nul doute que la technologie jouera un rôle pivot dans la transition écologique, mais elle doit se faire de manière responsable et réfléchie afin d’éviter l’émergence d’une nouvelle problématique.
La low tech pour répondre au défi énergétique
ECS, four solaire, éoliennes mobiles... De nombreux projets dits « low tech » ont déjà pu voir le jour et faire leurs preuves. La démocratisation de la low tech est indissociable du comportement des usagers. Pour qu’elle soit mise en place, de nouvelles habitudes doivent la précéder. Les énergies renouvelables, l’éco-conception s’inscrivent dans cette démarche si bien qu’ils remettent en avant le rôle de l’occupant sur la gestion du bâtiment. Par exemple, le smart building pour être responsable ne doit pas jouer la carte de l’obsolescence, mais être pragmatique quant au degré de numérisation dont on a besoin.
Être autonome c’est se suffire, encore faut-il être capable de repenser à ce qui nous suffit réellement !
La gestion des ressources humaines est en pleine mutation. La transformation digitale, la transition écologique et la crise sanitaire ont bouleversé les modes de travail et les attentes des collaborateurs. Les entreprises doivent s'adapter aux nouvelles attentes pour attirer et fidéliser les talents.
Un atelier animé par Damien Racle (Président de Cinov Ingénierie), avec Jean-François Simon (Directeur du BE AIA Management), Christian Gourmelon (Leadership Paradoxal) et Thomas Deshayes (représentant du Bureau National des Elèves Ingénieurs).
Cinov Ingénierie, en partenariat avec le BNEI, a sondé les futurs diplômés et les dirigeants de bureaux d’études pour appréhender les vrais enjeux de l’employabilité. Quels sont les enseignements à retenir ?
Les attentes des futurs diplômés
Les futurs diplômés sont en quête de sens dans leur travail. Ils déclarent ne pas être prêts à travailler pour une entreprise dont l'activité va à l'encontre de leurs convictions personnelles, même si elle garantit une aisance financière. Les étudiants aspirent à travailler dans une entreprise qui leur offre un cadre de travail convivial et qui s'engage pour relever les défis sociétaux et environnementaux.
D'après l'échantillon, 40,7% des étudiants envisagent de rejoindre un bureau d'études à l'issue de leurs études.
Les défis auxquels les entreprises sont confrontées
Les entreprises sont confrontées à plusieurs défis en matière de gestion des ressources humaines, notamment le recrutement, le développement des compétences des collaborateurs, la fidélisation des collaborateurs et l'amélioration de la qualité de vie au travail.
40% des répondants évaluent le turn-over au sein de l’entreprise comme « normal », 42,2% comme « faible » et 6,8% comme « fort » !
Les entreprises mettent l'accent sur le bien-être des collaborateurs, leur engagement pour relever les défis sociétaux et environnementaux, et leur culture de l'innovation et de la prise de risque.
L’ingénierie a un rôle clé à jouer dans la lutte contre le changement climatique, en contribuant à l’atténuation et à l’adaptation. La volonté et l’engagement des maitres d’ouvrage sur ces sujets permettent aujourd’hui aux bureaux d’études de proposer des solutions innovantes et durables.
Cet atelier a présenté les contributions concrètes des quatre domaines de l’ingénierie : Infrastructures (David Guinet, TECTA), Bâtiment durable (Alexandre Sévenet, NEPSEN), Coordination (Guerric Godet, CICAD) et Structure et géotechnique (Claire-Audrey Gonthier, SEMOFI).
Le retrait/ gonflement des sols (Structure et géotechnique)
L’évolution de ce phénomène coûtera des milliards d’euros, selon l’Ademe. Ces phénomènes poussent les ingénieurs dans leur retranchement. Il faut aujourd’hui réétudier les projets avec des objectifs de sobriété (fondations moins profondes, récupération des eaux pluviales, ilots de fraicheur…).
La réhabilitation horizon 2050 (Bâtiment durable)
Un projet de réhabilitation d’un bâtiment implique nécessairement les occupants pour atteindre un niveau exemplaire en matière d’environnement. Dans ce cadre, les bureaux d’études travaillent sur les sujets de confort d’été, d’infiltration d’eau et de végétalisation. L’intervention du bureau d’études permet d’atteindre 66% d’économies d’énergie après la fin du projet. Une telle performance est possible si les réalisations se font avec l’adhésion des utilisateurs. La réhabilitation a permis de travailler sur le confort d’usage (acoustique, qualité d’air…).
Requalification urbaine adaptée au changement climatique (Infrastructures)
Les bureaux d’études d’infrastructures travaillent sur un projet à l’échelle urbaine. Pour réduire la température ressentie sur une place publique, les ingénieurs travaillent plusieurs pistes : la végétalisation, l’infiltration des eaux pluviales, le revêtement des sols, le cheminement des passants…
La coordination de chantier
Les professionnels de la coordination sont prescripteurs dans l’installation du chantier. Bien que la contribution à la transition écologique soit moins évidente, les métiers de la coordination participent à l’effort de réduction de la consommation énergétique et de l’empreinte carbone du chantier.
Une organisation performante du chantier permet de travailler sur une logistique « verte », d’éviter le gaspillage et de favoriser le recyclage ainsi que la valorisation des déchets.
Avec le changement climatique, des problématiques nouvelles émergent comme l’exposition des ouvriers à la chaleur et aux intempéries.