Les Ingés Osent - Réinventer l’ingénierie face aux défis de demain

Après une deuxième édition axée sur le rôle de l’ingénieur dans un monde bas carbone, les Ingés Osent ont fait leur grand retour à Paris ce mercredi 16 octobre 2024 ! Acteurs du secteur, chercheurs et experts se sont réunis pour réfléchir à la contribution de l’ingénierie à la valeur ajoutée des projets, en lien avec les nouvelles façons de travailler (télétravail, automatisation, innovation, intelligence artificielle…). Animée par Stéphane Courgeon, la journée s'est articulée autour de conférences et de tables rondes mettant en lumière la plus-value des métiers de l’ingénierie. Retour sur les temps forts de cette journée !  

L'Ingénieur à l'ère de l'automatisation : allier expertise humaine et IA

"Si un ordinateur est capable de créer
un Cahier des Clauses Techniques Particulières (CCTP)
en cinq minutes, à quoi sert l'ingénieur ?" 

Damien Racle 

Damien Racle, past-president de Cinov Ingénierie, a mis l’accent dès son introduction sur la valeur de l'expertise humaine face à l'automatisation. Les outils comme l'IA sont de plus en plus performants et capables de produire des documents techniques (comme un CCTP, par exemple) en un temps record, mais leurs résultats manquent d’un regard critique et de l'expérience que seul un ingénieur humain peut offrir. La capacité à anticiper les imprévus, à collaborer entre équipes pluridisciplinaires et à enrichir les projets grâce à une compréhension profonde des enjeux locaux est ce qui fait toute la valeur ajoutée de l’ingénieur dans un monde automatisé. La plus-value humaine sera donc toujours indispensable. 

Pascal Berteaud, Directeur Général du Cerema, qui clôturait quant à lui la matinée, a partagé un constat préoccupant. “On relève un déficit de 30 000 ingénieurs formés chaque année par rapport aux besoins du marché. Il devient urgent de renforcer la formation continue des ingénieurs.” L’objectif ? Permettre non seulement de combler ce manque, mais aussi d’assurer un maintien des connaissances et compétences, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle et de l’automatisation.
 

L'automatisation pour réinventer l’ingénierie de demain 

Lors de l’atelier de l’après-midi “Comment construire la valeur ajoutée de demain ?” animée par Benoît Géhin, l’administrateur de Cinov Ingénierie insistait sur notre vision de l’automatisation qui “ne doit pas être perçue comme une menace, mais plutôt comme une opportunité pour les ingénieurs, celle de se réinventer et d’élargir leurs champs de compétence.” Ils peuvent ainsi se concentrer sur des aspects plus stratégiques de leur travail pour apporter une valeur ajoutée toujours plus importante. 

Damien Racle débutait la journée en affirmant que les ingénieurs du secteur public et privé avaient plus d’intérêts à collaborer qu’à être en concurrence. Il en va de même pour l’IA et les ingénieurs, plus forts en avançant ensemble. C’est dans cette démarche que les ingénieurs doivent continuer à se former aux nouvelles technologies, tout en cultivant leur capacité à innover et à penser de manière critique. 

L’ingénierie à l’ère de la transition écologique : vers une valeur ajoutée éthique et innovante

Notre grand témoin, Éric Sadin, écrivain et philosophe, est revenu en détail sur la valeur ajoutée des ingénieurs et leur rôle face aux enjeux de durabilité. Dans un contexte où la compétition et la nouveauté sont essentielles, les ingénieurs redoublent d’efforts pour proposer des solutions innovantes, faisant vraiment la différence, à l’instar de Steve Jobs.“Il devrait être la norme de ne pas se contenter du résultat attendu”. Son approche de l'innovation et sa vision unique, combinant design, sensibilité et fonctionnalité, rappelle que la valeur ajoutée ne se résume pas simplement à des résultats techniques. Jobs a toujours cherché à donner plus, à créer des produits qui ne se limitent pas qu’à leurs fonctionnalités mais introduisent une vraie plus-value. Sa volonté ? Ne pas reproduire ce qui était déjà là mais transcender l’existant. Cette approche est essentielle pour les ingénieurs d’aujourd’hui, qui s’efforcent de produire des solutions, toujours plus enrichissantes et durables pour la société.

Lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, les ingénieurs ont justement été confrontés à des enjeux en matière de durabilité, de sécurité et d’accessibilité. Optimisation des coûts, récupération de matériaux, adoption de pratiques écologiques : le rôle des ingénieurs est avant tout d’avoir une vision sur le long terme ! Loin de se limiter à une simple gestion des ressources, les ingénieurs des JO 2024 ont intégré des stratégies favorisant une seconde vie pour les matériaux utilisés. Ce genre d’initiative met donc en lumière le rôle pédagogique des ingénieurs, qui guident leurs équipes vers des choix éclairés. 

Comme l’a souligné Damien Racle, les ingénieurs doivent non seulement “répondre aux attentes de leurs clients, mais également anticiper les défis de demain”. L’avenir se façonne entre les mains des ingénieurs ! 

L’ingénierie se réinvente pour être toujours plus porteuse de valeur ajoutée 

Pendant l’atelier de l’après-midi “Comment mesurer et faire valoir la valeur ajoutée de nos bureaux d’études ?” animée par Alexandre Sevenet, quatre dirigeants ont partagé leur expérience pour montrer comment nos métiers peuvent se réinventer. 

Cet atelier visait à explorer comment mesurer et communiquer la valeur ajoutée des bureaux d'études pour mieux démontrer leur impact auprès des clients. Claire Miquel, dirigeante d’OTCE INFRA, a introduit une réflexion basée sur l’Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération (EFC), permettant à son bureau d’étude de privilégier des services enrichis via une collaboration interne et externe. Bien que la définition d’indicateurs de réussite ait posé des défis, cette approche a renforcé le sens des travaux, amélioré le bien-être au travail, et réduit l’absentéisme. Bruno Georges d’OTEIS met en lumière les enjeux écologiques, tels que les émissions de CO₂ et l’effondrement de la biodiversité, en proposant une approche équilibrée entre innovation technologique et préservation environnementale. Il insiste sur la nécessité de développer des métriques intégrant la complexité et l’incertitude des défis actuels. Frédéric Boeuf, fondateur de SURYA Consultants, souligne que l’excellence dans les projets doit être guidée par une curiosité intellectuelle et une priorité donnée au confort humain. L’ingénieur, selon lui, doit non seulement apporter des solutions mais aussi évaluer scientifiquement les situations, même si cela implique de renoncer à certains marchés. Anne Mesureur d’AREP explique que les clients demandent des solutions sur mesure, impliquant une quantification analytique et une vulgarisation des concepts techniques pour garantir une compréhension commune entre architectes, designers et autres intervenants. L’approche des bureaux d’études est donc itérative, tenant compte du contexte spécifique de chaque projet. Elle évoque aussi l’importance d’une conception durable, réversible sur plusieurs décennies, pour équilibrer les coûts initiaux par des bénéfices écologiques et financiers à long terme. Ainsi, l’atelier a mis en avant la nécessité d’adopter des méthodes personnalisées et durables pour répondre aux exigences contemporaines tout en valorisant la contribution des ingénieurs. 

Alexandre Sevenet, président de Cinov Ingénierie : une nouvelle vision pour l’ingénierie de demain

C’est lors de la clôture de cette troisième édition des Ingés Osent que Damien Racle a officiellement remis les fonctions de président de Cinov Ingénierie à Alexandre Sevenet. Ce nouveau statut s’accompagne d’une volonté de renforcer la présence de l’ingénierie dans le débat public, pour donner de la voix à un secteur insuffisamment valorisé. Conscient de la contribution cruciale des métiers de l’ingénierie au « vivre ensemble » et au « développement durable », Alexandre Sevenet souhaite promouvoir un modèle entrepreneurial engagé pour la transition écologique et sociale. « Les structures à taille humaine sont le cœur battant de l’ingénierie », rappelle-t-il, soulignant le grand rôle des petites entreprises dans la construction d’un avenir plus responsable.

Avec une vision tournée à la fois vers l'innovation et une approche plus responsable, Alexandre Sevenet et Cinov Ingénierie s’attachent à tracer la voie de l’ingénierie de demain.