Taxinomie Européenne : quels défis pour les métiers de la construction et de l’ingénierie ?

Ce 14 juin, l’Association des Ingénieurs et Techniciens en Climatique, Ventilation et Froid (AICVF) d’Ile-de-France a animé une série de trois conférences sur la Taxinomie Européenne, qui promet de révolutionner la filière du bâtiment. Les représentants des métiers de la construction, du financement et de l’ingénierie, dont Cinov Ingénierie, se sont donc réunis à la Tour Saint-Gobain pour partager leur vision et leur expérience.

Lors de cette conférence, Jordan Hairabedian, consultant chercheur en politiques environnementales et décarbonation, et Nathalie Tchang, Présidente de Tribu Energies, ont apporté des éclaircissements sur la taxinomie, définie comme la science de la classification. La taxinomie proposée par l'Union européenne s'inscrit dans le cadre du "Green Deal" et vise à identifier les activités économiques durables, de transition et contributives.

Elle joue ainsi le rôle d'une « boussole de performance » pour les entreprises, en intégrant les critères ESG (environnement, social, gouvernance). Avec la Directive sur la durabilité des entreprises (CSRD), la taxinomie permet d’aboutir à une vision globale de l’entreprise : sa stratégie, son modèle d'affaires et l'impact de ses activités sur son écosystème.

Regards croisés entre l’industriel (Saint-Gobain), la banque (BNP Paribas) et l’entreprise (Eiffage Construction)

Les trois acteurs autour de la table ont exploré les opportunités et les limites actuelles de la taxinomie.

Pascal Eveillard, Directeur développement et construction durables chez Saint-Gobain, a souligné la forte responsabilité de l’industriel dans le partage de l’information aux acteurs de la chaine (investisseurs, maîtres d'ouvrage, maîtres d'œuvre et entreprises). Pour Patrick Bader, EU Taxonomy Coordinator chez BNP Paribas, la taxinomie est cruciale, car elle permet aux banques de mieux comprendre la performance environnementale de leurs clients. A terme, elle facilitera l'orientation des financements vers des projets de transition et vertueux. Du côté d’Eiffage Construction, la taxinomie est un indicateur stratégique utile, même s’il reste encore difficile de garantir le respect de certains critères ESG.

Retours d’expériences

La matinée s'est conclue par les retours d'expérience de trois acteurs représentatifs de la chaîne de valeur immobilière, notamment un bureau d'études (Damien Racle, Président d’ADVENIO et Cinov Ingénierie), un gestionnaire de fonds immobilier (Véronique Donnadieu, Chief Executive Officer à l’ASPIM) et un groupe de conseil en immobilier (Cédric Nicard, Directeur du développement durable chez CBRE).

Ces témoignages ont montré que la taxinomie est un outil formidable qui, de par sa simplicité, permet à tous les acteurs, y compris les banques et les gestionnaires, de s'orienter vers une finance plus responsable.

La taxinomie est encore au stade préliminaire et doit continuer d’évoluer. Elle apporte déjà une contribution majeure dans la promotion de activités durables et la lutte contre le changement climatique. En outre, elle offre de grandes opportunités pour les métiers de la construction, aux premiers rangs desquels l'ingénierie. L’élaboration de méthodologies transparentes, mesurables et auditables sera un moyen de rendre plus visible et de comparer la performance des entreprises. L'ingénierie est ainsi en première ligne pour accompagner tous les acteurs vers une approche plus responsable des projets.